N’est sens que l’avis
pièce électroacoustique 2008
commande de l’Imeb – Création au festival Synthese 2008
Au commencement était un souffle…Bien vite employé pour la survie !D’emblée s’instaure un climat particulier où le spectateur est embarqué comme passager clandestin, témoin malgré lui d’une croisière aléatoire. Un lien étroit unit l’auditeur à l’œuvre : « la respiration instinctive » qui fait corps en continuum sans recourir à sa mémoire ni puiser dans l’inconscient collectif, elle sollicite chacun dans son adhésion endogène involontaire, une sorte d’entente simultanée. Le style est fluide; la mise à l’eau, le lancement de l’esquif s’effectue sans encombre. Glissant vers l’horizon … Vogue la galère !Le système adopté procède du principe des vases communicants, un processus passe-murailles utilisé en contrepoint du fil conducteur. L’interpénétration des milieux ambiants en assure la trame.L’ambivalence de la thématique (genèse) conduit, hors poncifs originels rebattus, à connaître sous licence biblique le jaillissement du « Verbe » d’une part, et procédant par ailleurs à une exégèse aux visées symboliques toutes interprétatives, à participer de l’instauration du principe actif omniscient des potentats théologiens, par insertions tantôt didactiques tantôt sous-jacentes.Paradoxe ! Coexistant deux mondes s’opposent et se complètent, créant turbulences et mouvements alternatifs; l’un émergeant (naissance), l’autre s’accrochant aux dogmes par un rejet du plaisir non répertorié au registre de la vénération dévolue au divin, à l’insaisissable (il n’y a d’esprit que dieu). C’est un lutte effrénée entre innocence et endoctrinement.L’élan premier donne le ton, il s’agit ici plus de cadences que de rythmes.Chaque séquence fonctionne en crescendo, frôlant la saturation, subitement interrompue en plein essor avant d’atteindre son point de non retour.Par un découpage quasi filmique aux travellings graduels, un espace temps parcouru d’infinitudes séquentielles en suspens constant favorise les suppositions prémonitoires par la pratique de glissements, de surimpressions imagées au sens métaphorique. Les rebondissements successifs établissent une logique de démonstration, un principe de synthèse intrinsèque à la pièce, apparemment immanents ils permettent au spectateur d’intégrer ses propres hypothèses…Là intervient l’astuce du système narratif décrété : il s’autodigère au fur et à mesure du développement évitant tout satisfecit aux échos trop facilement gratifiants.Sans déflorer l’intrigue sous entendue, quelques bribes de notes d’intentions et le casting virtuel peuvent poster le guetteur en vigie sensée découvrir une terre promise.-Un souffle neutre (sommeil), deux respirations distinctes à peine repérées prennent leur envol. Intromission. Flux sanguin (intérieur tête), flux spermatique, trajectoire et cheminement en milieu subaquatique//rythme de croisière régulier, salle des machines…C’est une totalité qui pulse et baigne. Rupture d’avec un monde clos. Libération, émergence, réminiscence du cri initial. Lumière, éblouissement, ambiance puis recentrage sur sujet accompli : Babillages, il s’étonne d’émettre des sons, de frapper l’espace de son énergie, c’est un original vierge à modeler sous prétexte d’éducation.-Première dilatation: multitude de cris d’enfants, passereaux, mouettes !-Incursion intempestive des religieux ! Soliloques en feux croisés des mollahs, rabbins et prélats de tous ordres, l’assommoir : langues différentes, ton commun radiophonique perçu comme crypté et décodé, imprécations ! Les mentors à l’ouvrage, inculquer des réponses pour susciter le questionnement et la culpabilité: deux agents moteurs ! Etc…Que dire? Qu’une histoire sans dialogues n’est pas une histoire sans légende ! Songe d’une nuit ordinaire.