Reprenant le système de jeu des cloches tubulaires dans les percussions d’orchestre, Hydroglassophone est une installation dans laquelle l’eau (et son volume), le son (et ses hauteurs harmoniques) et le public (à la fois acteurs et spectateurs) sont intimement liés : le mouvement du spectateur influant sur le volume d’eau, concentré dans des tubes en verre transparent, modifie le son produit par ces tubes d’harmonie.
Le niveau d’eau remplissant chaque colonne dépend de la proximité d’un spectateur à celle-ci. En effet, plus le spectateur se rapproche de l’à chaque mouvement d’un spectateur, un petit marteau s’active pour frapper la colonne de verre la plus proche, à une intensité dépendant de sa distance à celle-ci.
Une matière sonore est générée, modulée rythmiquement et harmoniquement en fonction des moindres faits et gestes de chaque individu présent dans l’environnement de l’installation.
Métaphore d’une gestion de ressource collective, Hydroglassophone se pose avant tout la question du partage du bien commun, à travers l’improvisation et l’interaction public.
Lorsqu’un individu pénètre dans l’espace de l’installation, une panoplie de capteurs discret scrute les moindres mouvements de l’intrus : plus il s’approche d’une colonne de verre, plus celle-ci se remplit d’eau par le sol, à la manière d’une fontaine ; le spectateur pouvant ainsi tenter l’appropriation, l’improvisation, dès lors qu’il saisit l’interaction que suscite sa proximité avec la source.
Chaque mouvement du spectateur est également associé à la percussion d’un petit marteau feutré frappant sur la colonne, la transformant alors en transducteur sonore. Le spectateur influe sur le niveau d’eau et l’eau influe sur la hauteur du son résultant de la frappe du marteau. Plus le spectateur est proche d’une colonne et plus le niveau de l’eau augmente. Plus le niveau de l’eau est élevé et moins l’intensité acoustique produite par la résonance de la colonne de verre n’est audible.
Lorsqu’une colonne est entièrement remplie d’eau (spectateur très proche), le son résultant de la percussion de la colonne est très aigu, à peine audible : le son ne profite qu’au spectateur le plus proche, qui ne pourra le percevoir qu’à la condition de coller son oreille à la colonne (être littéralement à son écoute). Le son n’est plus partagé. Cette colonne est en quelque sorte privatisée.
Lorsque plusieurs individus sont dans l’installation, cette scénographie permet de mettre en évidence la notion de ressource. Le son est une métaphore de la ressource qui elle peut se propager en dehors des colonnes. ???
Il s’agit d’un jeu musical ou tous peuvent partager les sons qu’ils produisent par leur simple présence dès lors qu’IL? prend en compte leur présence mutuelle : en cherchant naturellement à créer des harmonies, des consonances, des dissonances ou autres complexes sonores pouvant émaner de ses vingt colonnes d’eau.
Principale contrainte du dispositif : la quantité d’eau disponible pour remplir tous les tubes est partagée. C’est-à-dire qu’il n’y a pas assez d’eau pour remplir toutes les colonnes. Ainsi, un spectateur qui aura rempli complètement une colonne d’eau (par une forte proximité) aura par la même occasion potentiellement tari une autre colonne. Sur 20 colonne Il y a suffit d’eau en reserve pour en remplir 10. Impossible de remplir toute les colonnes à la fois. l’équilibre est à trouver.
L’espace de l’installation est composé d’une vingtaine de colonnes. Chaque colonne trouve à ses deux extrémités une caisse noire laquée, qui font écho au meuble du piano. Ici ses caisses renferment toute l’électronique nécessaire au dispositif interactif de la pièce : socle, suspension, capteur, réservoirs et pompes à eau silencieuses, marteaux de percussion.
Le spectateur écoute mais ne voit que la fluctuation de niveau d’eau dans les colonnes de verre, tel une enfilade de thermomètres géants.
installation sonore -2010