H-14

H-14

Ainsi nommé pour sa durée et l’évocation schématique de la lettre H, raccourci symbolique d’un ascenseur en vue de coupe.
Aussi révélatrice qu’une carotte glaciaire, structurellement la pièce est simplissime et se présente sous forme d’organigramme érectile sectorisé par strates, en étages desservis de part et d’autre par un ascenseur central (voire deux au cas échéant). S’ouvrant à la montée comme à la descente aux atmosphères, aux sons typiques de chaque couche traversée au fil de la chronologie.
Cette ossature en évélation est reprise telle une portée musicale comme support explicatif en vue frontale.
L’adjonction d’un code couleur permet de signaler les diverses interventions et cohabitations des milieux en présence. La présentation sous forme de stories-boards verticaux par juxtaposition sert une lecture intégrale des séquences.

Le choix de l’ascenseur n’est pas dû au hasard et offre l’avantage de pouvoir structurer la totalité de l’oeuvre à l’identique du plus sectoriel des laps de temps.

C’est le module au sens propre dans toutes ses acceptions : coefficient, seuil de tolérance, véhicule et mesure étalon, symbole de non-sens par définition, d’illusoires voyages en circuit fermé de bas en haut de l’échelle sociale.La pièce ne comporte pas de personnages ostensiblement principaux au sens habituel du terme, mais est porteuse des éléments, dits sociaux, constitutifs de la situation d’isolement de l’individu dans le monde urbain au sein même d’un groupe de citadins.
La continuité stylistique, la persistance du ton employé du début à la fin, rend la présence constante du seul être, identifiable comme tel, palpable.
Il est très vieux, sans mémoire immédiate, en état de mort imminente, il décline rapidement au décompte du temps imparti et perds toute velléité. Il est silencieux.

La proximité de l’échéance, l’amenuisement de ses forces le rend vierge, pur, innocent, livré à l’immédiateté et au flux de ses souvenirs ancestraux. Ses arythmies conjuguées, cardiaques et respiratoires, soulignent les lignes de tensions et occasionnent les changements de rythmes. L’action débute en pleine circulation routière aux heures de pointe, le survol d’un avion grande-ligne clot l’introduction. Dès lors, les critères de l’orchestration seront d’emblée ciblés. Changement de décor. Intra-muros via sas d’accès.En parallèle, des bribes de plus en plus intelligibles de conversations traitant des urgences futiles du quotidien, des pas précipités, manifestation d’une respiration haletante, ouverture classique d’une cabine d’ascenseur, mais particularisme du signal sonore.

Ensuite, exposition des paramètres de croisière soit une ambiance adéquate au lieu ( sons feutrés….), annonces vocales et descriptives
(voix off, simili virtuelle, mâle faisant office de liftier, emprunt de civilités d’un ton détaché, mais adaptant son phrasé et la couleur du propos suivant les niveaux abordés, interprète, animateur, historien universel).
En présence : premiers battements sourds quasi subliminaux.
Sons alternés : bruits en résonances de la cage d’ascenseur, frottement des câbles, machinerie.
Destination sous-sol.
Espace Catacombes.
Un groupe de personnes sort, un autre rentre dans l’habitacle.
L’idée dominante, humidité et cloisonnage. Alternance des battements cardiaques et du goutte-à-goutte, respiration oppressée, entassement des surnuméraires, reflet réducteur de la condition humaine…
Destination: trentième étage, même système de chassé-croissé, dernière mise en place des sons perdurant. Esquisse des principes exploités par la suite. accélération notoire prédominance des sons jusqu’alors subliminaux.
Rayon vestimentaire: à chacun sa panoplie adaptée à son milieu professionnel ou social.
encore dans le domaine du possible car dans la construction, nombreux sont les chantiers présentant un intérêt archéologique.
cependant, les sous-sols se démultiplient

Deuxième sous-sol,
Il y a là de quoi frémir : couche comparable « aux fouilles de Pompéi » la famille y est saisie sur le vif, comme cuite dans les positions connues de la citation de référence, souvent fœtales. Un aperçu éclair mais détaillé, suggestion d’un arrêt sur image.
Silence ou temps mort. (2 sec )
A ce niveau: il y a de l’étrange là dessous !
À ce stade on est encore dans le domaine du possible car dans la construction, nombreux sont les chantier présentant un intérêt archéologique.
Puis, troisième, quatrième, cinquième, etc… Nous présentant pour chaque niveau une époque, une êre différente et nous précipitant dans un puits sans fond, menant aux fondations, aux prémices de la société urbanisée.
Mais là encore, malgré l’extravagance de la situation le cas de figure reste plausible. Table rase et empilement ne datent pas d’hier pour ériger cathédrales et arcs de triomphe de touts ordres et honorer les dieux modernes sur les ruines des idoles précédentes.
A contrario, sous ces nécropoles, la suite du périple révèle qu’au tréfonds des abysses réside la perle technologique de l’édifice ; le niveau  » Abri anti-atomique  » voué à la sauvegarde des données de survie du bâtiment.
L’environnement est clinique, s’installe alors une omniprésence sécuritaire sou-tendant jusqu’à la fin du parcours à venir une notion de danger.
Ultérieurement, chaque strate visitée marque une étape de la vie en collectivité et au fil du timing et progresse irréversiblement vers la terrasse à ciel ouvert.

de compréhension : perdition dans l’inconnu infini ou dernier espoir de renaissance, de continuité.

Puis parasitant cette infinitude, surgit le bruit cassant et répétitif d’un cliquetis de projecteur en fin de bobine. Dans cette option la connotation cinématographique laisse une frange, une marge de bande-son saisie sur les évenement métropolitains survenus durant le temps de composition en résidence ( 15 jours ) reste envisageable actualisant le sujet, soutenant la réalité des faits.

Les caractéristiques ne permettant pas d’exposer plus en avant les particularités structurelles de cette base conçue comme exponentielle, laisse dans l’angle mort une bonne partie du style dont les : Sons/Voix/Chants sont une caractéristique notable, indispensable à une juste estimation puisque envahissant les 9/10e de l’ensemble. Il en est de même de la variabilité de mode de traitement. Aussi à titre d’exemple et à « toutes fins utiles  » en voici deux qui figurent comme des prolongements possibles :
– bruits de pas précipités descendant l’escalier de service suivant une spirale dégressive…
– Par les dialogues, il est donné à comprendre que finalement tout est factice. Le vieux ne meurt pas, les derniers éléments en date, que l’on croyait dus aux effets de sa mémoire, ne sont que leurres programmés et produit d’hologrammes. Sa solitude est telle qu’il ignore jusqu’à l’existence hypothétique de ses congénères. Seule la ville existent vraiment, s’autogère et défend son territoire, « son droit de cité ». L’homme y est désarmé, servi, vidéde tout destin, même sa mort ne lui appartient pas, ne serait-il pas le dernier d’une race devenue inutile à l’organisation générale d’une seule mégapole couvrant la terre entière, mers et océans compris, devenue: « la Venise des dieux » la décrépitude du héros, n’annoncerait’elle pas la disparition totale de tout organisme actif et pensant, laissant place à l’écho d’une illusion sonore.

Pour radiophonique qu’elle soit cette pièce s’entend avec textes et dialogues circonstanciés ainsi qu’un listing exhaustif des variables.